Le 22 octobre, fenaco société coopérative et YASAI, spin-off de l’EPFZ, ont communiqué sur la construction d’une installation pilote d’agriculture verticale. Une semaine plus tard, nous avons rendu visite aux trois jeunes fondateurs Mark Zahran, Philipp Bosshard et Stefano Augstburger pour en savoir plus sur ce projet innovant.
Merci de nous recevoir pour cet entretien. Dites-nous-en plus sur le projet !
Mark : Nous sommes YASAI. Notre idée de base est de « cultiver plus en utilisant moins », ce qui signifie pour nous : davantage de croissance, de variété, de qualité, de résilience et de transparence en utilisant moins de ressources, de transport et de pesticides, à moindre coût. Voilà précisément le concept de l’agriculture verticale. En principe, nous « empilons » jusqu’à dix fois les surfaces agricoles, en contrôlant tous les aspects de la culture dans une halle. Cela fait que nos installations sont 10 à 15 fois plus productives que les méthodes conventionnelles, tout en consommant 95 % moins d’eau et en se passant de produits phytosanitaires. Nous travaillons sur la ferme consacrée à l’alimentation de demain !
Philipp : Pour ce faire, nous nous appuyons entièrement sur des systèmes circulaires, à commencer par une consommation extrêmement respectueuse des ressources en eau. Nous travaillons aussi à des solutions d’engrais durable, par exemple à base d’urine. Bien entendu, nous compostons les déchets de production et entendons utiliser les déchets thermiques pour chauffer l’ensemble de la halle.
Comment tout cela a-t-il commencé ?
Mark : J'ai découvert l’agriculture verticale alors que j’étudiais encore au Mexique en 2016 et je voulais amener ce sujet en Suisse. Puis, j’ai rencontré le précurseur et professeur émérite Dickson Despommier à New York. Aujourd’hui encore, il nous assiste comme expert-conseil. Inspiré par cette idée, j’ai écrit mon mémoire de master sur la manière d’intégrer l’agriculture verticale dans l’agriculture suisse. Peu de temps après avoir obtenu mon diplôme, j’ai rencontré Philipp, qui travaillait sur des sujets similaires et qui, en tant qu’ingénieur en environnement, apportait le savoir-faire technique...
Philipp : ... nous avons fait connaissance en septembre 2019, au Student Project House de l’EPFZ sur le site de Hönggerberg. J’ai tout de suite été séduit par le projet, d’autant plus que j’avais expérimenté des idées similaires dans le domaine de l’aquaponie. Aujourd’hui, je suis CTO chez YASAI...
Stefano : ...et j’ai rejoint l’équipe comme troisième membre fondateur. Mark et moi-même sommes frères, j’ai donc appris l’idée plus tôt, à la table familiale pour ainsi dire. Ayant étudié la gestion d’entreprise, j’apporte la dimension financière. J’ai soutenu le projet avec un business plan solide, des questions de financement, des contacts avec les clients et un réseau d’investisseurs internationaux.
...et au début de l’année 2020, vous avez fondé YASAI. Que vous apporte maintenant la coopération avec fenaco ?
Mark : fenaco a une immense connaissance de l’agriculture, du marché et de nos clients potentiels, les agriculteurs. Nous en profitons donc beaucoup ! Grâce à fenaco, nous pourrons compter sur un sounding board, qui nous aidera à créer une solution qui sera bien accueillie sur le marché et qui s’imposera réellement. fenaco considère qu’il est de son devoir d’examiner ce nouveau domaine d’activité pour les entreprises agricoles.
Philipp : Nous comptons aussi sur le soutien de fenaco pour la lutte contre les ravageurs. La société coopérative a une grande expérience dans les méthodes alternatives de lutte contre les ravageurs, comme le lâcher d’hyménoptères, que nous souhaitons utiliser dans l’installation. Par ailleurs, nous pouvons nous passer des produits phytosanitaires conventionnels.
Qu’est-ce qui vous distingue d’autres start-ups dans ce domaine ?
Philipp : Nous attachons beaucoup d’importance aux possibilités de mise à l’échelle pour nos solutions. Dès le début, nous avions en tête l’agriculture et à l’approvisionnement complet des villes, et moins les solutions de petite échelle ou les consommateurs finaux. Pour la culture d’herbes aromatiques, même de petites installations sont profitables mais pour les légumes feuillus, les halles doivent faire plusieurs milliers de mètres carrés pour qu’une exploitation soit rentable.
Stefano : Nous sommes donc déjà en contact avec des agriculteurs suisses qui voient l’agriculture verticale comme une opportunité. Ces premiers intéressés à se lancer prévoient de convertir leurs granges et autres bâtiments à l’agriculture verticale. Mais bien sûr, ils veulent voir comment cela fonctionne à petite échelle avant de faire un tel investissement. C’est là qu’intervient notre installation pilote.
Quelle est la prochaine étape du projet ?
Mark : La prochaine étape sera d’emménager la halle dans la banlieue de Zurich. Nous espérons qu’elle sera prête au mois de décembre. La livraison de l’équipement est prévue pour le début de l’année prochaine. Nous prévoyons d’ouvrir l’installation à l’été 2021 et nous comptons sur beaucoup d’agricultrices et agriculteurs intéressés que nous pourrons convaincre par l’installation pilote d’agriculture verticale.
Bonne continuation et tous nos vœux de réussite !