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Des bandes fleuries au pot de miel

De nombreux insectes trouvent abri et nourriture dans les bandes fleuries.

De nombreux insectes trouvent abri et nourriture dans les bandes fleuries. Les abeilles se délectent du nectar sucré produit par les plantes et le transforment en miel sur les toits de fenaco à Winterthour.

Depuis que les saints de glace sont passés, la ville de Winterthour (ZH) est enfin en fleurs. Non loin du centre, au château de Wülflingen, l’école d’agriculture du Strickhof a mis à disposition de fenaco un champ de près de 30 ares. Quatre bandes fleuries distinctes comprenant de la sauge des prés, de l’esparcette, des marguerites et des picrides y fleurissent. Ces bandes multicolores sont l’oeuvre de Johannes Burri, responsable du secteur Fleurs sauvages chez Semences UFA. Semences UFA commercialise des mélanges de fleurs sauvages qui se distinguent par leur floraison très prolifique. Ces mélanges adaptés à de multiples sites se composent de fleurs et de graminées sauvages. Semences UFA dispose d’un mélange adapté à chaque emplacement et à chaque besoin, peu importe que le site soit humide, sec ou en montagne. Ces mélanges sont vendus dans les LANDI. « Nous souhaitons que nos bandes fleuries permettent à la population d’admirer un champ fleuri tout au long de la période de végétation », explique J. Burri. Avant que la parcelle de Winterthour regorge de fleurs, de longs et intenses préparatifs ont été nécessaires. Le sol a dû être bien travaillé et débarrassé des « anciennes » plantes et des adventices. Il a ensuite fallu le laisser se reposer pendant un mois avant le semis.

Un abri pour les petits animaux
En juin, la parcelle a finalement pu être semée. « Si tout se déroule comme prévu, le disque ne se bouchera pas », murmure J. Burri en versant les semences dans les trémies de son semoir. « Si cela devait néanmoins arriver, je serai contraint de nettoyer les disques après chaque rangée. » Pour mettre en terre les semences des différentes espèces de fleurs sauvages, J. Burri recourt à un semoir pneumatique de précision. A l’aide d’un dispositif à dépression, les graines sont aspirées vers les trous d’un disque de semis en rotation et séparées les unes des autres. En sortant du semoir, elles atterrissent dans les sillons une par une. J. Burri sème chaque variété sur quatre bandes et effectue à cet effet deux allers- retours sur le champ avec son semoir. Il lui faut une demi-journée pour le semis. Ensuite, il faut s’armer de patience. « Les plantes ont besoin d’un à deux mois avant de germer », explique ce spécialiste des fleurs sauvages. J. Burri précise que les adventices apparaissent déjà quelques semaines plus tard mais qu’il faut les ignorer : « Les bandes fleurissent vraiment seulement après avoir passé l’hiver. » Onze mois après, on constate que l’attente a fini par payer. Les fleurs sauvages fleurissent alors dans toute leur splendeur, à point nommé pour la Journée internationale de la biodiversité en mai. Le timing est bien sûr un hasard. Toutefois, les fleurs contribuent grandement à la biodiversité. « Ces bandes fleuries sont un microcosme pour des milliers d’animaux », souligne J. Burri. Elles fournissent de la nourriture et un espace vital aux pollinisateurs et autres insectes. Les bandes fleuries ne font pas seulement le bonheur des promeneurs, elles contribuent aussi à la préservation de la biodiversité. Pour l’agriculture, elles ont un effet positif supplémentaire : « Les nombreux auxiliaires qui pondent leurs oeufs dans les larves des insectes nuisibles contribuent à en protéger les champs avoisinants. »

Les abeilles sont essentielles
Un insecte est particulièrement reconnaissant de cette nouvelle source de nourriture. Mesurant généralement un centimètre de longueur, velue et striée de noir et de blanc, elle s’est assurée une place de choix dans nos coeurs, en raison du produit sucré qu’elle fabrique. Elle, c’est l’abeille européenne à miel, aussi appelée apis mellifera, dont la contribution en faveur de la biodiversité est extrêmement précieuse. En plus de produire du miel, les abeilles pollinisent en effet environ 80 % des plantes indigènes cultivées et sauvages. Sans elles, il n’y aurait ni pommes, ni poires, ni cerises, ni bon nombre d’autres fruits. Une étude d’Agroscope datant de 2017 estime que la valeur globale de la pollinisation assurée par les abeilles en faveur de l’agriculture représente un montant de 300 à 400 millions de francs, ce qui fait des abeilles le troisième animal de rente le plus important après les bovins et les porcs. Aujourd’hui, ces insectes velus ont cependant souvent du mal à trouver de la nourriture. Grâce à des mesures simples, les agricultrices et les agriculteurs peuvent contribuer à la protection des abeilles, par exemple par une fauche respectueuse, tôt le matin ou le soir. Mettre en place des prairies mellifères et des prairies de fauche riches en espèces est un autre moyen d’atteindre cet objectif. Quelques semaines plus tard, à seulement 2,5 km des bandes fleuries, à proximité du château de Wülflingen, Kaspar Stiefel contrôle justement si deux colonies d’abeilles contiennent des cellules royales au sein desquelles grandissent des reines. L’apiculteur passionné a installé un rucher citadin, appelé le « Moewe » (la « mouette » en français), sur le toit du siège de fenaco société coopérative région Suisse orientale. Le rucher est d’ailleurs enregistré sous ce nom auprès du service vétérinaire du canton de Zurich. « Avant, nos bureaux étaient situés de l’autre côté des voies de chemin de fer », se souvient Kaspar Stiefel quand on lui demande d’où vient ce nom original, sachant qu’il n’y a pas d’oiseaux aquatiques dans la région. « Il s’agit en fait d’un acronyme pour ‹ mögliche Verschiebung › (ce qui signifie ‹ possible déplacement › en français), qui est apparu lorsqu’un changement d’emplacement a été envisagé. Depuis, ‹ Moewe › est devenu un terme de référence pour les collaboratrices et collaborateurs de longue date. Il était dès lors logique que ce rucher s’appelle ainsi. »

Apiculture en ruche-magasin
Depuis 30 ans, Kaspar Stiefel exerce diverses fonctions chez fenaco. Sa passion pour les abeilles, qu’il a découverte il y a 12 ans, ne l’a jamais quitté et a également guidé sa carrière. En 2014, il a créé l’Api-Center. Ce centre de compétences pour les abeilles et la pollinisation a été fondé par fenaco société coopérative pour approvisionner les apicultrices et les apiculteurs suisses en agents de production à prix intéressants et soutenir l’apiculture en ruches-magasins. « La plupart des gens connaissent les ruchers traditionnels équipés de ruches suisses », explique Kaspar Stiefel en retirant une hausse de sa ruche. « Au niveau mondial, l’apiculture en ruche-magasin, où les ruches sont exploitées depuis le haut, s’est imposée. » Pour cet expert en apiculture, les avantages d’un tel système sont évidents : les magasins peuvent être placés en plein air et la colonie d’abeilles peut être agrandie de manière illimitée vers le haut. Ce système étant largement répandu dans le monde entier, le choix est plus vaste et moins onéreux. Kaspar Stiefel explique que cette méthode simplifie aussi l’apiculture citadine (urban beekeeping), comme on appelle cette mode toujours plus en vogue chez les jeunes citadines et citadins. Kaspar Stiefel a récolté le premier miel produit par ses abeilles au rucher « Moewe » au début du mois de juin. Les années normales, il peut effectuer une seconde récolte de miel à la fin juillet. Cette année, la météo a toutefois été trop froide, trop humide et trop venteuse. Par la suite, les abeilles reçoivent de l’eau sucrée, non pas parce que ce produit est meilleur marché que le miel, mais parce que les abeilles sont en meilleure santé pour hiverner lorsqu’elles reçoivent un aliment à base de sucre alimentaire. Kathrin, l’épouse de Kaspar Stiefel, centrifuge ensuite le miel à leur domicile. Celui-ci gère en effet ces ruches à titre privé. « fenaco me soutient dans mon hobby et met à ma disposition le toit du siège principal de Suisse orientale », explique- t-il. « Mais j’intègre bien entendu dans mon activité professionnelle les expériences réalisées dans le cadre de mon activité d’apiculteur. C’est précisément ce qui est passionnant : avec les abeilles, on n’a jamais fini d’apprendre. » Les collaboratrices et collaborateurs de fenaco profitent eux aussi de cet arrangement hors du commun. L’année dernière, chacun et chacune a reçu un petit pot de miel pour son anniversaire de la part de Kaspar Stiefel. Difficile de faire aussi local !

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