Le silo d’Olten, situé sur la ligne de train entre Zurich et Berne, est impressionnant. Il peut contenir quelque 54 000 tonnes de céréales, soit les besoins en céréales de la Suisse pour près de quatre semaines. Depuis sa construction en 1972, deux millions de tonnes de matières premières sont passées par là.
Piliers essentiels de la sécurité de l’approvisionnement en Suisse, les silos à céréales occupent une place importante dans la chaîne de valeur ajoutée des denrées alimentaires. Aujourd’hui, les menaces en Europe et les difficultés logistiques post-pandémie nous rappellent toute l’importance des silos à grains jusqu’à nos jours.
Création et élargissement
En 1972, le silo d’Olten a été construit par les négociants en céréales André & Cie et Blattmann & Co. pour répondre aux exigences de stockage obligatoire de la Confédération. Considérant l’ensemble du territoire national, le site d’Olten est, aujourd’hui comme hier, idéal pour accueillir un silo à céréales : il se situe sur la liaison directe entre les ports rhénans de Bâle et les centres de consommation de Suisse centrale, orientale et occidentale.
A peine achevé en 1972, il a été doublé en 1974 pour atteindre sa taille actuelle. Si l’installation servait principalement à stocker les produits des deux entreprises susmentionnées, les dépôts de tiers prenaient de plus en plus d’importance.
La libéralisation du marché des céréales dans les années 2000 a constitué un tournant important dans son histoire. En effet, avec ce changement, les propriétaires de silos ont perdu les garanties d’utilisation de leurs dispositifs ; par ailleurs, la Confédération a vendu ses propres silos, entraînant une offre excédentaire. Ainsi, en 1999, les propriétaires de l’installation d’Olten ont donc prévu de la fermer et de la démanteler pour 2006. Cependant, l’histoire en a décidé autrement : le silo change de mains en 2001 et, en fin de compte, devient la propriété exclusive de Calcium agro SA en 2004. Sous l’impulsion des nouveaux propriétaires, il fait l’objet rénovations. En particulier, dans le cadre du rafraîchissement de la façade, une nouvelle peinture lui confère l’aspect distinctif qu’on lui connaît aujourd’hui.
Une technologie moderne pour lutter contre les ravageursEn 2002, des céréales bio ont été stockées pour la première fois. A l’origine, on utilisait du dioxyde de carbone (CO2) pour rendre les cellules étanches. Le silo d’Olten assoit alors une réputation de site où il est possible de traiter de grandes quantités de céréales affectées par les ravageurs. Cependant, la méthode utilisée à cet effet était problématique, voire dangereuse. C’est pourquoi le silo a investi en 2010 dans une nouvelle technologie appelée « EcO2 », qui prévient la prolifération des nuisibles en réduisant la quantité d’oxygène dans l’air ambiant. Pour ce faire, le système déshumidifie l’air extérieur et le fait passer dans un catalyseur qui abaisse le taux d’oxygène de 21 % à 1 % ; l’air traité est toujours réinjecté en quantité adéquate dans les cellules par une commande idoine. Permettant un traitement direct sur place, cette technique constitue une avancée de taille dans la lutte contre les ravageurs des céréales bio ; et de fait, elle est encore utilisée aujourd’hui.
Vive les 50 prochaines années !
fenaco société coopérative a acquis le silo d’Olten lors du rachat de Swiss grana group en 2018. Avant cela, fenaco était déjà un partenaire important, car elle y stockait ses céréales et aujourd’hui, elle continue d’investir dans la modernisation de l’installation. Cette année, à l’occasion de son 50e anniversaire, le droit de superficie pour les voies ferrées, les dispositifs d’évacuation des eaux et les rampes d’accès a été prolongé de 50 ans avec les Chemins de fer fédéraux (CFF). Loin d’être de l’histoire ancienne, le silo d’Olten continuera à jouer un rôle important s’agissant de sécuriser l’approvisionnement en céréales et les services de base dans ce domaine en Suisse.