La journée de travail commence à l’aube dans les Alpes suisses pour une équipe que la plupart d’entre nous n’auront jamais l’occasion de rencontrer : celle du parc à réservoirs d’AGROLA à Landquart. Christian Bebi, le responsable du site, jongle entre les tâches de contrôle qualité et celles de gestion de la logistique pour acheminer le carburant dans les stations-services les plus reculées des Grisons.
Alors que la plupart des gens dorment encore dans leurs lits douillets, Christian Bebi est, quant à lui, déjà à pied d’œuvre. En sa qualité de responsable du site du parc à réservoirs d’AGROLA à Landquart (GR), il assume une grande responsabilité : il doit veiller à ce que l’essence et le diesel dont les stations-services grisonnes ont besoin (notamment celles sises dans des lieux de montagne reculés) présentent la meilleure qualité possible et soient livrés à temps.
Le plus souvent, Christian Bebi se rend au parc à réservoirs dès 5 heures du matin. Il commence alors par ses rondes de contrôle, accueilli par l’obscurité et l’air frais de la montagne. La sécurité étant sa priorité, il vérifie soigneusement tous les réservoirs et autres dispositifs concernés pour s’assurer que tout fonctionne de manière optimale. « Une journée de travail typique commence tôt et réserve souvent plein de surprises », explique Christian Bebi, « mais c’est précisément cela qui rend mon métier si intéressant. » Quelques heures plus tard, les premiers camions-citernes viennent déjà chercher du carburant à acheminer ailleurs. « Les chauffeurs ne peuvent pas se servir de carburant comme ça : il faut toujours que l’un d’entre nous soit présent », souligne Christian Bebi, qui ajoute que chaque véhicule doit être enregistré : « Pas d’enregistrement, pas de carburant ! » Le système détecte notamment si le camion-citerne fait l’objet d’une maintenance afin de s’assurer que tous les systèmes de sécurité sont en parfait état de fonctionnement. Le responsable du site déclare : « Cette détection revêt une grande importance, car les camions-citernes transportent des substances dangereuses et les accidents peuvent avoir de graves conséquences. » Les gaz qui s’échappent lors du remplissage du réservoir sont « capturés » par un deuxième tuyau et liquéfiés à nouveau dans une installation de récupération d’essence.
Acheminement des produits pétroliers vers le réservoirs
Pour éviter les pénuries, le pétrole ou autres produits pétroliers sont importés en Suisse depuis un grand nombre de pays différents en recourant à divers moyens de transport, ce qui permet de garantir un haut niveau de sécurité en matière d’approvisionnement. Environ un tiers de la demande est couverte en important du pétrole brut, qui est transformé par une raffinerie indigène en combustibles, carburants et produits spéciaux, soit toute la gamme de produits utilisés en Suisse. AGROLA s’approvisionne aussi en pétrole brut auprès de diverses sources. Ce dernier est notamment stocké ici, à Landquart, dans des réservoirs d’environ 25 mètres de haut : quatre pour le mazout, six pour le diesel, un pour l’essence sans plomb 98 et trois pour celle sans plomb 95 ; des réservoirs horizontaux sont destinés à des produits spéciaux.
Une grande partie du carburant n’est cependant pas directement revendu : les entreprises qui importent des carburants et du mazout en Suisse sont tenues de constituer des réserves dites obligatoires. AGROLA joue un rôle important sur ce plan. Ces réserves obligatoires sont un stock stratégique de produits pétroliers, géré sur mandat de l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE). Elles visent à garantir que la Suisse dispose d’assez de carburants ou autres produits pétroliers, même dans des situations de crise (catastrophes naturelles, pénuries d’approvisionnement ou conflits géopolitiques). Permettant d’approvisionner la Suisse en produits pétroliers essentiels durant une période d’environ cinq mois, elles sont un élément crucial de la préparation nationale aux situations d’urgence.
Logistique ferroviaire
La partie la plus fascinante du travail de Christian Bebi est sans doute la logistique qui sous-tend l’acheminement de l’essence de Landquart vers les stations-services de montagne reculées des Grisons. Le responsable explique : « La difficulté consiste à s’assurer que les stations-services situées dans les parties les plus éloignées du canton soient toujours approvisionnées en carburant, et ce, en quantité suffisante. A cet effet, une planification précise et une équipe de collaborateurs impliqués sont nécessaires. » C’est en général à 7h30 du matin que le train des Chemins de fer rhétique arrive. On remplit alors ses wagons-citernes d’essence, diesel ou autres produits pétroliers pour livrer ces derniers plus tard dans la journée dans les villages de montagne grisons.
Outre la planification logistique et le suivi des livraisons, les tâches administratives sont aussi des aspects importants de son travail. « Chaque jour apporte son lot de nouveaux défis, c’est ce qui rend ce travail si passionnant », souligne le responsable. Et de conclure : « La responsabilité que nous portons pour l’approvisionnement de cette région est énorme. »
Un travail dans l’ombre crucial
Le travail de l’équipe exige de la précision, de l’assiduité ainsi qu’un grand sens des responsabilité pour assurer sécurité et respect de l’environnement. « Chez nous, chaque membre de l’équipe doit pouvoir tout faire, sinon ça ne marche pas », conclut Christian Bebi.
Alors que la plupart des gens font le plein dans des stations-services souvent bondées et agitées, Christian Bebi travaille « en coulisse » pour s’assurer que carburant et essence sont toujours disponibles, quelle que soit la région, même si elle est isolée. Il s’agit là d’un travail dans l’ombre qui est crucial, car il permet au pays de tourner.