Aller au contenu principal

Story 5 minutes

Le sol comme ressource vivante

Cultiver la terre, labourer les champs, autant de tâches qui semblent bucoliques mais nécessitent beaucoup de connaissances. En cette Journée mondiale des sols, nous jetons un coup d’œil sous la terre.

Cultiver la terre, labourer les champs, autant de tâches qui semblent bucoliques mais nécessitent beaucoup de connaissances. En effet, ce n’est qu’en connaissant la nature du sol qu’il est possible de le cultiver correctement. En cette Journée mondiale des sols, nous jetons un coup d’œil sous la terre.

Sous terre, les archéologues recherchent souvent des traces de l’Histoire, car le sol raconte les événements d’une région de manière plus fidèle que toute autre source. Dans l’agriculture aussi, chaque champ raconte sa propre histoire.

Un regard sous la surface

Comme tous les jardiniers ou jardinières amateurs ainsi que les amoureux des plantes le savent, les plantes ne peuvent pas toutes pousser partout. Il en va de même des plantes cultivées. C’est pourquoi de nombreux agriculteurs et agricultrices examinent régulièrement leurs terres arables de plus près, en particulier sous la surface de celles-ci. Nul besoin de creuser très profondément, comme le précise Stéphane Burgos, chargé de cours à la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) de la Haute école spécialisée bernoise : « Un mètre de profondeur est déjà suffisant. » Lui et son équipe ont créé un système convivial basé sur la méthode traditionnelle du test à la bêche, qui permet d’analyser le sol de manière harmonisée et d’observer son état au fil des ans. « En donnant un coup de pelle profond, on obtient déjà des informations importantes », explique le doyen de la HAFL. Les premiers mètres (un ou deux) sont généralement composés de trois couches d’agrégats différents : (1) la couche la plus profonde est formée d’éléments minéraux grossiers, qui sont les vestiges des matériaux charriés par les anciens glaciers et les cours d’eau. Stéphane Burgos souligne que ce type de couches se retrouve presque partout en Suisse. Au-dessus de ces strates qui témoignent du passé géologique du pays, des strates plus récentes apparaissent. (2) Contenant souvent une forte proportion d’argile ou de limon, la couche intermédiaire est souvent constituée de matériau compacté, c’est-à-dire de terre si dense que les racines ne peuvent guère la traverser. « Cette strate est un précieux réservoir d’eau pour les plantes cultivées », explique l’ingénieur agronome. En outre, elle contribue à ce que les sols ne soient pas inondés lors de fortes pluies, ce qui entraînerait un lessivage trop important des éléments nutritifs. (3) La couche supérieure est celle d’humus. Généralement plus meuble et présentant une granulométrie fine, elle contient une forte proportion de matières organiques. Couche comprenant la zone racinaire, elle se forme lorsque le sol a été labouré et ameubli au fil des années. Les sols profonds disposent d’une couche humifère de 70 cm et plus. Les plantes telles que le colza préfèrent les sols profonds, car leurs racines pivotantes s’enfoncent jusqu’à un mètre de profondeur. Ainsi, plus la couche d’humus est profonde, mieux les plantes cultivées se développent.

Une collaboration complexe entre êtres humains et animaux

Si la couche d’humus se forme grâce à un labour régulier, les agriculteurs ou agricultrices ne peuvent-ils pas simplement retourner un champ avec une charrue profonde et rendre ainsi le sol encore plus fertile ? Pour répondre à cette question, Stéphane Burgos explique ceci : si on le souhaite, il est facile de compacter le sol en y circulant avec des machines ; en revanche, ameublir ce dernier est beaucoup plus difficile à réaliser, car la plupart de celles-ci n’atteignent qu’une profondeur de 30 cm. Il ajoute que pour obtenir plus de matière organique, il est possible de semer des plantes à racines profondes, tout en précisant que les résultats ne sont pas garantis. « Il est important de soutenir les organismes vivants qui contribuent à la bonne santé des sols », explique le professeur. Il s’agit des animaux qui vivent dans la terre et la travaillent, tels que des vers de terre et des insectes du sol (p. ex. acariens, isoportes ou larves de coléoptères). Il s’agit encore des autres micro-organismes du sol, comme les bactéries et les champignons, qui aident également les agriculteurs et les agricultrices de manière invisible. « Ils travaillent tous le sol de manière constante. Et moins on les dérange, mieux ils peuvent travailler », poursuit Stéphane Burgos. Les insectes du sol décomposent les matières organiques, en brisant les débris végétaux en morceaux encore plus petits, qui à leur tour, servent de nutriments aux micro-organismes. En contrepartie, les animaux du sol produisent des excréments, qui contribuent à la formation de l’humus et nourrissent les plantes. Les vers de terre créent aussi des galeries que les plantes utilisent pour faire pousser plus facilement leurs racines en profondeur. Par ailleurs, ces galeries créent un système d’aération qui se déplace et se modifie constamment. La faune du sol brasse le sol tout en assurant l’aération, la transformation des nutriments et la régulation de l’eau, créant ce faisant la base biologique requise pour un sol fertile. « Un travail du sol trop intense perturbe les animaux et affaiblit ainsi le sol », explique le spécialiste. Selon lui, un bêchage profond ne constitue pas non plus une solution pour obtenir une couche d’humus plus profonde, car il détruit de nombreux animaux et autres organismes vivants du sol. Stéphane Burgos commente à ce propos : « Dans les prairies, nous trouvons environ 400 vers par m3, tandis que dans les champs, nous n’en retrouvons qu’une cinquantaine. » Le spécialiste du sol estime qu’il est important de ne pas décimer davantage ces organismes. Il précise que les agricultrices et les agriculteurs peuvent soutenir les vers de terre en épandant le lisier avec circonspection. En effet, si ce dernier nourrit les vers de terre et autres insectes du sol, apportant au sol des éléments nutritifs essentiels tels que l’azote, le phosphore et le potassium, il s’agit pour les agriculteurs et agricultrices de trouver un équilibre subtil sur ce plan, car peu fertiliser et arroser beaucoup est tout aussi contre-productif que fertiliser beaucoup et peu arroser. Ainsi, selon lui, la fumure doit être légère et régulière.

Apprécier et protéger le sol

Les interactions complexes entre les êtres humains, les animaux et les conditions climatiques forment un ensemble qui requiert savoir et prudence. Afin de mieux faire prendre conscience du sol en sa qualité de ressource vivante, l’Union internationale des sciences du sol (IUSS) a créé la Journée mondiale des sols, dont la première a eu lieu le 5 décembre 2002. Cette journée vise à faire comprendre le rôle que joue le sol dans les processus vitaux essentiels ; en effet, un sol sain n’est pas seulement essentiel pour l’agriculture et donc pour la sécurité alimentaire. Il joue également un rôle clé dans le cycle de l’eau, dans la lutte contre le réchauffement climatique et dans la préservation de la biodiversité.

Test à la bêche SolDoc

La nouvelle méthode du test à la bêche SolDoc permet de déterminer rapidement et facilement l’état de la structure du sol. Elle contribue ainsi à prévenir les dommages au sol ainsi qu’à préserver la fertilité et la capacité de rétention d’eau de ce dernier à long terme. Gratuit pour les agricultrices et les agriculteurs, le test à la bêche aide à mettre en évidence l’état des sols grâce à l’observation des paramètres suivants : couches de sol, agrégats, couleur, odeur et autres caractéristiques.

Feldtage, les journées de fenaco en production végétale

Les sociétés-filles que sont LANDOR, Semences UFA et AGROLINE ont conjointement organisé les Feldtage 2023, où elles ont présenté un ensemble de compétences diverses en production végétale avec de nombreux partenaires du monde agricole. « Nous réunissons l’innovation et la pratique en présentant les toutes dernières avancées en matière de technique et de recherche et en créant une plateforme d’échange. Et ce, tant pour l’agriculture biologique que pour l’agriculture conventionnelle », explique Michael Feitknecht, Responsable Production végétale chez fenaco société coopérative. La prochaine édition des Feldtage est prévue en 2026.

Newsletter
Newsletter
Vous ne voulez rien manquer de ce qui se passe au sein de fenaco ?
Oui, m'inscrire